REGARD(s) SUR MA VILLE : la ville sur un plateau
03/10/2022 Pédagogie
Retour sur la résidence d’architectes 2021-2022 du collège La Garenne de Voiron ou comment accompagner les collégiens à se construire un regard citoyen éclairé ? Après deux années de sensibilisation à l’Architecture, le temps long d’une résidence a donné l’occasion à l’ensemble des élèves de 4e de réfléchir et de concevoir un jeu de plateau qui reprend les ingrédients et les étapes de construction d’une ville.
Un jeu coconstruit avec des collégiens pour apprendre à regarder la ville
A l’appui d’un groupe d’enseignants pluridisciplinaires, les intervenants architecte et urbaniste ont proposé aux 145 élèves investis dans le projet, la création d’un jeu dont le scénario est la reconstruction d’une ville après une catastrophe sismique. Pas si simple, car pour reconstruire Garennopolis (un nom imaginé par les élèves en classe de français) les élèves doivent mettre en œuvre des compétences multiples : se repérer dans l’espace, manipuler des cartes, des photos, réaliser des mesures, s’approprier du vocabulaire, savoir distinguer ce qui « fait quartier » mais aussi parler matériaux, volumes et proportions, dessiner, concevoir des règles, les écrire…
La résidence, un temps long et progressif favorisant l’échange.
« Ce temps long qui caractérise le travail en résidence favorise l’appropriation de tous les outils et un investissement plus complet des élèves », expliquent les deux intervenants. Les séances ont ainsi alterné une phase de découverte, une sortie d’observation dans le centre ancien, une phase de réflexion, puis la phase de création du jeu proprement dit. « Le travail en résidence permet un échange permanent, agréable et libre », estime Valérie Cargnel. « Il est plus facile de s’adapter au public que lors d’interventions ponctuelles. Cela rend la pédagogie plus efficace », complète Benoît Boronat. Le temps consacré a aussi permis de dépasser les objectifs initiaux du projet puisque d’autres classes ont pu découvrir le jeu lors d’un temps de présentation du projet.
Favoriser un regard analytique et critique
Sept plateaux de jeu ont été créés pour représenter les types de quartier, centre ancien, lotissement, zone commerciale… fondés sur des critères partagés par le collectif et soumis à des aléas imaginés ensemble. Acteurs de la reconstruction de la ville, les joueurs endossent le rôle de maire, d’architecte, d’entrepreneur… « Nous avons tenté de rendre accessibles des données techniques et subjectives qui permettent de regarder la ville et d’imaginer celle de demain », expliquent les intervenants. Au-delà du « beau ou pas beau », ils ont invité les collégiens à porter sur la ville un regard qui se soit pas uniquement sensible mais analytique, en mettant des mots sur leurs perceptions et sensations. « Apprendre à regarder leur environnement de manière critique, résument-ils, favorise chez les jeunes la capacité à être acteurs de leur société. »
Des métiers démystifiés
« L’architecture et l’urbanisme ne sont pas des matières scolaires proprement dites mais elles s’illustrent dans toutes les disciplines. Ce type de projet est l’occasion aussi de faire connaître nos métiers, de les rendre accessibles, de montrer leur intérêt et leur influence sur le cadre de vie, le paysage et les situations sociales », concluent les intervenants.
Une démarche d’enseignement-apprentissage.
Le fondement de cette initiative pédagogique est le fruit de l’investissement et de la détermination des enseignants qui ont saisi « le mode projet » comme une chance à offrir à leurs élèves : « L’architecture est un vecteur de transversalité permettant des ponts de manière simple entre les champs disciplinaires et le cadre de vie des élèves. Le constat d’un accès inégal des jeunes à l’art et à la culture suscite l’envie de s’emparer de l’environnement du quotidien comme support d’expériences artistiques et culturelles à la portée de tous. » souligne Anne Camus, professeur d’Arts plastiques au collège La Garenne.
La résidence d’architectes au collège est une action du Pass Isèrois du Collégien Citoyen (PICC), soutenue par la DRAC Auvergne Rhône-Alpes, La DAAC et la DSDEN.
Une formation des enseignants pour l’accompagnement du projet et son rayonnement sur le territoire du Pays d’Art et d’Histoire du Pays Voironnais a lieu en amont. Nous remercions Christelle Four pour sa participation et l’éclairage historique et contextualisé qu’elle a pu apporter.
Acteurs du projet :
145 élèves / 4 enseignants
Valérie Cargnel : Architecte
Benoit Boronat : Urbaniste
Professeur relais Architecture : Eve Feugier
DAAC : Valérie Vedrenne
Christelle Four : PAH du Pays Voironnais
Coordination CAUE : Espace Péda’GO !
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