Retour sur le séminaire « habiter les risques naturels en montagne : les projets d’aménagement au prisme de nouveaux récits »
16/10/2024 Environnement et Paysage
Face aux pertes matérielles et immatérielles causées par les risques naturels, les territoires de montagne et leurs habitants peuvent se sentir vulnérables. Cependant, les perspectives croisées issues des domaines techniques, artistiques, architecturaux et paysagers ouvrent la voie à de nouveaux récits et à des perspectives inédites.
Le 2 juillet dernier, dans les locaux de l’UGA, des élu·es, technicien·nes, professionnel·les de l’aménagement, universitaires et étudiant·es ont réfléchi ensemble sur notre rapport aux risques, ainsi que sur nos représentations des territoires montagnards, dans le but d’imaginer de nouvelles approches et façons d’aborder les projets d’aménagement dans des zones montagnardes fortement exposées aux risques naturels.
Benoît Poirier, architecte à l’Atelier 17C, et Maria Isabel Le Meur, directrice adjointe de la Fédération Française des Clubs Alpins de Montagne, ont illustré les risques auxquels sont confrontés les refuges, en prenant pour exemple le projet de rénovation du refuge de la Lavey, mis en parallèle avec d’autres histoires de refuges alpins du parc bâti de la FFCAM. Le témoignage des élu·es de Saint-Christophe-en-Oisans a constitué un moment fort et poignant de la conférence.
Le projet de paysage et de restauration du Nant des Pères à Sixt-Fer-à-Cheval, présenté par Flora Guilloux, paysagiste chez L’Onde, Florent Pezet, directeur d’activités chez Suez Consulting, et Mathieu Battais, coordinateur de la stratégie territoriale à la communauté de communes des montagnes du Giffre, a démontré la complémentarité entre expertise technique hydraulique et conception paysagère. Ce tandem de compétences s'est mobilisé pour restaurer et aménager le site, afin de prévenir des événements de laves torrentielles pouvant transporter des centaines de milliers de mètres cubes de matériaux, tout en valorisant un site d'une grande beauté.
La présentation des travaux de jeunes architectes et paysagistes de l’ENSAG et de l’ENSP Marseille, sous la direction de Sonia Doucerain et Rémi Duthoit, a ouvert une parenthèse prospective. Cette réflexion a été enrichie par l’artiste et photographe Olivier De Sépibus, dont les œuvres ont montré comment l’expérience artistique peut transformer notre perception, notre sensibilité et nos relations aux risques, tout en contribuant à l’émergence de nouvelles représentations de la menace. Le recul des glaciers révèle d'ailleurs des paysages inédits, qui pourraient nous inciter à inventer de nouveaux toponymes pour les désigner.
Stéphane Rotenberg, comédien de la compagnie Le Chant des Pistes, a introduit et clôturé la journée en partageant des extraits de la pièce de théâtre "Mort d’une Montagne". Cette citation que nous lui empruntons, illustre les bouleversements que le réchauffement climatique impose à la montagne : « nous ne penserions pas survivre à certaines d’entre elles ».
Le CAUE poursuivra son travail de sensibilisation sur ce thème en explorant la zone subalpine et la plaine, en étudiant différentes manières d’habiter ces espaces et les risques, parfois créés par l’homme lui-même.
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